Les voyages en train

J’ai toujours aimé les voyages en train. Ils sont pour moi des moments suspendus. Ils me donnent l’impression d’être sur des chemins de traverse, de voir par la fenêtre des paysages, des villes, des gares que personne ne voit comme je les vois de ma place.  Comme si, l’espace de quelques heures, de quelques minutes parfois, j’étais une privilégiée qui découvrait les secrets d’une France inconnue.

Je collectionne un nombre impressionnant de photographies de lever de soleil dans les trains. J’aime me dire que j’ai quitté une ville encore endormie, comme on quitte le lit d’un amant avant que le jour ne se lève, et que j’en rejoindrai une autre quand le soleil sera à son zénith.

J’ai un nombre impressionnant de souvenir dans les trains… je me souviens de l’annonce de la mort d’un proche alors que je rentrai de vacances, et de tous les vacanciers bronzés qui m’avait offert mouchoirs, goûters et réconfort sans que l’on ne se connaisse, je me souviens des TER qui longeaient la côte méditerranéenne pour me ramener ou m’éloigner de cet amour d’été, des RER de banlieue sales et bondés qui rythmaient les rencontres avec mon grand amour, je me souviens de cette discussion avec la dizaine de passagers de mon wagon quelques jours après les attentats de Paris, je me souviens de l’interminable voyage de Nice à Paris après mon premier match de foot au stade Louis II de Monaco…

Les TGV me ramènent en vacances, à ma famille, aux milliers de possibilités de me souvenir, de rêver, de me perdre sans culpabiliser dans les pages d’un roman… je crois que me souvenir presque exactement de quels romans accompagnaient mes principaux voyages en train. J’y ai commencé Khadra un été, j’y ai fini Rolin de vingt heures à minuit…

J’ai pesté contre les retards, et maudit la SNCF. J’ai détesté certains de mes voisins de voyage, j’ai haï la climatisation et les prises qui ne fonctionnent pas. Pourtant je ne cesse de bénir ces voyages, ces ambiances de gare, ces annonces qui grésillent, ces contrôleurs à l’accent du Sud… Ces retrouvailles d’amour cassées par les fauteuils, ces au revoir le cœur gros et les signes de mains par les fenêtres teintées…

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