J’étais assise sur la petite terrasse en bois de mon bungalow sur pilotis, et je regardais les enfants jouer dans le Mékong, juste en dessous de moi. Ils étaient très jeunes, et pourtant, tous savaient nager… Ils vivaient sur l’une des centaines de petites îles perdues dans les méandres du Mékong au sud du Laos, et le fleuve ne leur faisait pas peur; il était leur ami, leur allié, leur vie.
Tout à coup, quelque chose d’imperceptible a changé. La lumière était différente. Jamais je n’avais vu quelque chose d’aussi fascinant : minute par minute on pouvait voir le paysage changer, les ombres s’étirer, les nuages prendre de nouvelles teintes…Il y avait quelque chose de très mouvementé, vivant dans ce coucher de soleil. J’était peut-être trop habituée à ceux que l’on regarde patiemment, évolué presque évidemment du brillant aveuglant du soleil, à l’orangé, au rouge qui brule le ciel une dernière fois avant de disparaitre…
Ici, le soleil derrière le pont Français, donnait vie aux palmiers, à l’eau, aux cabanes sur les rives, il allumait les musiques, les terrasses, les pontons de bois…
Il y avait partout du bleu, du violet, du rose, du rouge, de l’orange et puis le noir imperceptiblement prenait le dessus.