Comporta et les paradis rêvés

Il existe des endroits qui semblent être là, à nous attendre. Ils nous accueillent et nous laissent éclore en eux. Ils nous révèlent, nous rappellent nos aspirations, nos rêves. Simplement parce qu’ils nous enveloppent de leur évidence. De leur beauté.

Tout commence à Lisbonne. Commencez par vous laissez glisser sur les pavés polis par des millions de pas avant les vôtres, levez la tête et étourdissez-vous des couleurs des façades, des messages, des dessins sur les murs. Regardez trop longtemps le ciel trop bleu à vous en faire des tâches devant les yeux. Buvez des bières au soleil, mangez des poissons grillés, perdez vous dans les petites rues bruyantes et festives quand la nuit est tombée.

Quand alors vous vous dites que la vie est belle et douce aux couleurs lisboètes, enfuyez-vous.

Prenez un des deux ponts majestueux qui traversent le Tage et perdez-vous. Perdez-vous bien plus loin que Sétubal, la première grande ville au bord de l’estuaire. Perdez-vous après les rizières d’Alcacer do Sal. Prenez la seule route au milieu des pins et ouvrez la fenêtre.

Soyez attentifs au silence tout autour, rappelez-vous vos souvenirs d’enfance aux parfums des eucalyptus, des chênes lièges, des pins…

Prenez cette route, et quand vous en aurez envie, aux croisements prenez sur la droite, vous trouverez l’océan. Vous trouverez de longues plages de sable blanc, l’océan y est ici bien moins agité qu’ailleurs et prend souvent des teintes turquoises qui nous font rêver d’îles lointaines.

Voilà, vous êtes sûrement sur la plage de Comporta, la plus connue, la plus chic, ou sur celle de Carvalhal au charme insoupçonnée, à moins que vous soyez descendu encore plus au sud vers les plages de Melides. Qu’importe.

Toutes ces plages, tous ces pins, toutes ces rizières et leurs cigognes qui veillent, racontent la même histoire.

Assise sur les planches de bois branlantes d’un petit port de pêche, au coucher de soleil je respire plus lentement. Je respire au rythme des minuscules mouvements de l’eau qui lèche les pieds de bois du ponton. Le soleil qui se couche est éclatant de lumière. Il brûle tout de blanc.

Allongée sur le sable un peu épais et rosé de Carvalhal, les cheveux emmêlés par l’air bien trop salé, je m’imagine rester ici sans aucun impératif pour le lendemain.

Traversant les rizières de ce vert si lumineux qui me rappellent l’Asie, observant les cigognes toujours par deux dans leurs nids je me demande ce que cela serait de me lever tous les matins, les pieds nus dans le sable, ou sur les épines de pins sans aucun bruit alentour.

Dans mon pull rose qui gratte un peu, assise en tailleur dans mon transat, les yeux vers la voie lactée si lumineuse, là à peine 22h au milieu de cette forêt de pins droits et fiers, je me rappelle mes rêves.

Ces plages, ces villages, les portugais dans leur simplicité, me rappellent à une question : qu’elle est la vie que je veux? Qu’importe les impératifs, ici il n’y a aucun pendant ces quelques jours de voyage.

Alors oui, rappelons-nous. Profitons de ces instants pour se demander où nous en sommes de nos rêves, pour nous réajuster sur nos priorités. Parce qu’ici tout est possible, tout est apaisé, tout est simple. Il y a la terre, le ciel et l’océan. Et au milieu, quelques hommes et femmes qui vivent dans un sourire doux, des touristes qui cherchent des maisons pour abriter leurs rêves ici, leurs offrir une demeure à quelques heures de leur vraie vie, et moi toujours fascinée par ce que le Portugal offre dans sa simplicité.

Quelques jours après le retour je me suis posée cette question : y a-t-il des gens malheureux à Comporta et ses alentours?

Il y a ces petites maisons blanches et bleues et leurs bougainvilliers fuchsia, il y a les anciens cabanons de pêcheurs en chaume de riz, il y a les rizières à la lumière changeante et magique, il y a l’océan aux teintes turquoises insoupçonnées, les coquillages roses qui remplacent les trésors des pirates, il y a les pins et leurs odeurs enivrantes et les chênes lièges et leurs couleurs si fascinantes.

Il y a le sourire de ce vieux serveur attentionné qui traduit tout, ces femmes sans âge dans leur tablier à carreaux bleus et roses qui racontent des histoires sans fins devant leurs maisons, là dans les semblants de rues.

Il y a les nuits noires dans le silence absolu et les réveils avec le soleil. Les yeux levés vers les étoiles tous les soirs enlacés. Il y a les cheveux salés et les grains de sable collés aux mollets. Il y a les bières partagées au coucher du soleil et les petits-déjeuners pris dans des cafés au carrelage turquoise aux motifs de dauphins.

Est-ce qu’ici, enfin là-bas, on a d’autres problèmes que les nôtres? Est-ce naif de croire qu’au plus près de la nature, dans la simplicité et au coeur de la beauté, la vie est plus facile? Ou du moins qu’il est plus facile de sa rappeler qu’elle peut l’être? Qu’il nous suffit juste de nous rappeler à l’essentiel de ce que nous sommes et de ce à quoi nous rêvons… Et n’est-il pas plus facile de le faire dans le silence et la magie de lieux aux temps suspendus?

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